Les Prémices
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Les Prémices
[Ce RP fait suite à la présentation RP du personnage M'rrah]
L'insecte voletait comme s'il ne savait pas où aller, clignotant doucement à chaque fois que ses ailes turquoises, diaphanes, s'entrechoquaient. Les longs prolongements de son abdomen tâtaient timidement l'air, probablement à la recherche d'un pâle soupçon de pollen. L'aube était sur le point de débuter sur la jungle de cette région des plus sauvages de Pandora: c'était la période de journalière la plus calme (hormis peut-être le crépuscule), car les animaux nocturnes s'en étaient déjà retournés dans leurs nids, terriers et autres abris, et les diurnes n'étaient pas encore éveillés.
L'insecte papillonnant fut frappé en plein vol par quelque chose d'invisible, et répandit un halo de poussière turquoise étincelante sur une surface presque plane, lévitant à quelques mètres du sol.
Dans un grognement sourd, M'rrah chassa l'importun d'une pichenette. L'insecte perdit son éclat et tomba sur le sol, comme si ce simple geste l'avait foudroyé. M'rrah se redressa paresseusement et s'étira voluptueusement en produisant comme un bruit de feuillage. Les excroissances qui ornaient son corps se hérissèrent sous son frisson, le métamorphosant furtivement d'une masse invisible à une grande forme irisée qui éclaboussa de reflets chatoyants les végétaux alentours.
Il remua chaque partie de son corps pour les désankyloser, puis redevint complètement invisible. La végétation à cet endroit était très basse: en se dressant, M'rrah n'avait même pas à bondir pour voir au dessus des arbres-ondulants. Il se mit à avancer sans but particulier, juste pour profiter de la caresse fraîche de ces arbres, qui ressemblaient à une immense chevelure ondulant au gré des vents. Ceux-ci le rassuraient, car il avait l'impression de retrouver le cocon protecteur de son enfance... Sur son passage, les fumerolles végétales s'empourpraient, certaines plus que d'autres.
Au bout d'un temps, M'rrah arriva sur les abords d'une rivière claire, tapissée au fond par des filaments d'un blanc pur. Il trempa ses prolongements dans les eaux, puis soudain, se redressa. Il le percevait à nouveau! Un appel, ou une plainte, venant de l'endroit où commençaient les montagnes.
Cet appel... Il ne le connaissait que trop bien. Il décida d'ignorer celle qui est partout, et de continuer sa route vers cet appel.
Il franchit la rivière d'un mouvement et s'enfonça dans les arbres ondulants, créant un remous sur son passage. Les animaux, effrayés par ce courant d'air puissant fuyaient en gémissant lorsqu'ils étaient découverts. Il força l'allure, bondissant sur les hauteurs de la forêt mouvante, tel le vent. L'appel se faisait plus net, plus douloureux. M'rrah se fit encore plus rapide, volute indistincte sous les étoiles du firmament.
L'air ici était chargé d'effluves qu'il ne connaissait pas. La faune et la flore changeaient: bientôt, les arbres durs se firent plus nombreux, puis plus grands. La progression devint moins aisée pour M'rrah qui devait les contourner lorsqu'ils étaient sur sa route. Il fut de nombreuses fois surpris par des bêtes plus petites qui sautaient d'arbres en arbres ou volaient entre eux, ce qui n'était pas possibles dans les forêts mouvantes. Egalement, la présence de celle qui est partout était plus oppressante ici, mais étrangement, cette oppression décuplait ses sens.
Il était tout près. La plainte -il en était sûr à présent- venait de quelque part en bas, près du sol. Accroché à un grand arbre dur, il resta un moment immobile, attentif au moindre mouvement de la forêt environnante, au moindre souffle de vie. Il sentait beaucoup de choses anciennes, ici... Beaucoup d'odeurs, parfois inconnues.
Quand il se fut assuré que le sol semblait sans danger, il descendit lentement, mètre après mètre... Pour enfin découvrir avec stupéfaction la source de l'appel... De la base d'un tronc énorme, quelques filaments noirs gisaient sur la verdure complètement souillée par un liquide de même couleurs. L'odeur était pestilentielle, même pour M'rrah. Il se posa à terre et avança quand même, précautionneusement toutefois, incapable de réfréner sa curiosité et son instinct.
De près, il n'y avait plus aucun doute... C'était l'un des siens. Cela faisait si longtemps qu'il rêvait d'un tel instant! Mais...
M'rrah toucha l'un des filaments sur le sol, qui ne bougea pas.
Il retira son propre filament avec lenteur; il n'était pas surpris... C'était le grand sommeil... Celui qu'il avait vu il y avait très longtemps sur les seuls siens qu'il ait connu. Tous les filaments qui recouvraient son corps se mirent à se frotter les uns les autres, produisant un bruissement semblable à celui d'un feuillage. Toute la bioluminescence vacilla sous l'infinie tristesse qui se dégageait de son bruissement.
C'est n'est que lorsque ce vacillement eut lieu qu'un frétillement agita les filaments inertes. Puis un deuxième. Et enfin, ils se redressèrent péniblement. M'rrah s'en saisit aussitôt, comme s'il s'agissait de la chose le plus précieuse et la plus fragile qui soit. Aussitôt, il se hérissa de tout son long, transpercé par la souffrance et la terreur. Une chose étrangère s'insinuait en lui, une chose malade... Il tenta de la repousser, mais sa présence fit violence pour le retenir. Il comprit enfin qu'elle n'essayait pas de l'attaquer, qu'elle cherchait plutôt refuge en lui... Dès cet instant, il se laissa faire. Par leur contact, un flux ininterrompu s'ouvrit, qui effleurait et gonflait l'esprit de M'rrah. Il percevait à présent une grande partie de son semblable. Ce dernier le rassurait, lui transmettait des souvenirs innombrables que M'rrah ne pouvait tous entrevoir. Cet autre était en train de mourir d'un poison qui rongeait son corps et son âme. Il était blessé, et avait parcouru de longues distance pour chercher l'un des siens, mais n'en avait pas trouvé. Il était tombé ici et avait eu à peine la force de se réfugier sous cet arbre pour se mettre à l'abri. Il aurait été perdu si M'rrah n'avait pas été là... Mais il était venu et le recueillait... Rien n'était perdu. Il pouvait à présent se noyer en lui, comme les autres souvenirs.
Sa présence s'estompa une fois que M'rrah eut compris tout cela. Le flux entre eux deux se tarit progressivement, puis cessa enfin. M'rrah lâcha le filament mort, et ne bougea plus, ampli d'un chaos indescriptible d'éléments étrangers en lui. En réalité, il était transis de terreur, incapable de se mouvoir.
Même la perception du corps de son congénère qui éclatait en une constellation de poussière noire brillante ne le ramena pas à l'instant présent.
Il venait d'accéder en quelques instant à l'expérience d'innombrables vies... C'était trop... Ses filaments se raidirent et s'aplatirent contre lui, prenant la couleur de la mousse. Il s'effondra sur le sol de la jungle, inconscient, à la merci de tous les dangers...
*************
Musique: "To the Ancient Land" by Kow Otani
L'insecte voletait comme s'il ne savait pas où aller, clignotant doucement à chaque fois que ses ailes turquoises, diaphanes, s'entrechoquaient. Les longs prolongements de son abdomen tâtaient timidement l'air, probablement à la recherche d'un pâle soupçon de pollen. L'aube était sur le point de débuter sur la jungle de cette région des plus sauvages de Pandora: c'était la période de journalière la plus calme (hormis peut-être le crépuscule), car les animaux nocturnes s'en étaient déjà retournés dans leurs nids, terriers et autres abris, et les diurnes n'étaient pas encore éveillés.
L'insecte papillonnant fut frappé en plein vol par quelque chose d'invisible, et répandit un halo de poussière turquoise étincelante sur une surface presque plane, lévitant à quelques mètres du sol.
Dans un grognement sourd, M'rrah chassa l'importun d'une pichenette. L'insecte perdit son éclat et tomba sur le sol, comme si ce simple geste l'avait foudroyé. M'rrah se redressa paresseusement et s'étira voluptueusement en produisant comme un bruit de feuillage. Les excroissances qui ornaient son corps se hérissèrent sous son frisson, le métamorphosant furtivement d'une masse invisible à une grande forme irisée qui éclaboussa de reflets chatoyants les végétaux alentours.
Il remua chaque partie de son corps pour les désankyloser, puis redevint complètement invisible. La végétation à cet endroit était très basse: en se dressant, M'rrah n'avait même pas à bondir pour voir au dessus des arbres-ondulants. Il se mit à avancer sans but particulier, juste pour profiter de la caresse fraîche de ces arbres, qui ressemblaient à une immense chevelure ondulant au gré des vents. Ceux-ci le rassuraient, car il avait l'impression de retrouver le cocon protecteur de son enfance... Sur son passage, les fumerolles végétales s'empourpraient, certaines plus que d'autres.
Au bout d'un temps, M'rrah arriva sur les abords d'une rivière claire, tapissée au fond par des filaments d'un blanc pur. Il trempa ses prolongements dans les eaux, puis soudain, se redressa. Il le percevait à nouveau! Un appel, ou une plainte, venant de l'endroit où commençaient les montagnes.
Cet appel... Il ne le connaissait que trop bien. Il décida d'ignorer celle qui est partout, et de continuer sa route vers cet appel.
Il franchit la rivière d'un mouvement et s'enfonça dans les arbres ondulants, créant un remous sur son passage. Les animaux, effrayés par ce courant d'air puissant fuyaient en gémissant lorsqu'ils étaient découverts. Il força l'allure, bondissant sur les hauteurs de la forêt mouvante, tel le vent. L'appel se faisait plus net, plus douloureux. M'rrah se fit encore plus rapide, volute indistincte sous les étoiles du firmament.
L'air ici était chargé d'effluves qu'il ne connaissait pas. La faune et la flore changeaient: bientôt, les arbres durs se firent plus nombreux, puis plus grands. La progression devint moins aisée pour M'rrah qui devait les contourner lorsqu'ils étaient sur sa route. Il fut de nombreuses fois surpris par des bêtes plus petites qui sautaient d'arbres en arbres ou volaient entre eux, ce qui n'était pas possibles dans les forêts mouvantes. Egalement, la présence de celle qui est partout était plus oppressante ici, mais étrangement, cette oppression décuplait ses sens.
Il était tout près. La plainte -il en était sûr à présent- venait de quelque part en bas, près du sol. Accroché à un grand arbre dur, il resta un moment immobile, attentif au moindre mouvement de la forêt environnante, au moindre souffle de vie. Il sentait beaucoup de choses anciennes, ici... Beaucoup d'odeurs, parfois inconnues.
Quand il se fut assuré que le sol semblait sans danger, il descendit lentement, mètre après mètre... Pour enfin découvrir avec stupéfaction la source de l'appel... De la base d'un tronc énorme, quelques filaments noirs gisaient sur la verdure complètement souillée par un liquide de même couleurs. L'odeur était pestilentielle, même pour M'rrah. Il se posa à terre et avança quand même, précautionneusement toutefois, incapable de réfréner sa curiosité et son instinct.
De près, il n'y avait plus aucun doute... C'était l'un des siens. Cela faisait si longtemps qu'il rêvait d'un tel instant! Mais...
M'rrah toucha l'un des filaments sur le sol, qui ne bougea pas.
Il retira son propre filament avec lenteur; il n'était pas surpris... C'était le grand sommeil... Celui qu'il avait vu il y avait très longtemps sur les seuls siens qu'il ait connu. Tous les filaments qui recouvraient son corps se mirent à se frotter les uns les autres, produisant un bruissement semblable à celui d'un feuillage. Toute la bioluminescence vacilla sous l'infinie tristesse qui se dégageait de son bruissement.
C'est n'est que lorsque ce vacillement eut lieu qu'un frétillement agita les filaments inertes. Puis un deuxième. Et enfin, ils se redressèrent péniblement. M'rrah s'en saisit aussitôt, comme s'il s'agissait de la chose le plus précieuse et la plus fragile qui soit. Aussitôt, il se hérissa de tout son long, transpercé par la souffrance et la terreur. Une chose étrangère s'insinuait en lui, une chose malade... Il tenta de la repousser, mais sa présence fit violence pour le retenir. Il comprit enfin qu'elle n'essayait pas de l'attaquer, qu'elle cherchait plutôt refuge en lui... Dès cet instant, il se laissa faire. Par leur contact, un flux ininterrompu s'ouvrit, qui effleurait et gonflait l'esprit de M'rrah. Il percevait à présent une grande partie de son semblable. Ce dernier le rassurait, lui transmettait des souvenirs innombrables que M'rrah ne pouvait tous entrevoir. Cet autre était en train de mourir d'un poison qui rongeait son corps et son âme. Il était blessé, et avait parcouru de longues distance pour chercher l'un des siens, mais n'en avait pas trouvé. Il était tombé ici et avait eu à peine la force de se réfugier sous cet arbre pour se mettre à l'abri. Il aurait été perdu si M'rrah n'avait pas été là... Mais il était venu et le recueillait... Rien n'était perdu. Il pouvait à présent se noyer en lui, comme les autres souvenirs.
Sa présence s'estompa une fois que M'rrah eut compris tout cela. Le flux entre eux deux se tarit progressivement, puis cessa enfin. M'rrah lâcha le filament mort, et ne bougea plus, ampli d'un chaos indescriptible d'éléments étrangers en lui. En réalité, il était transis de terreur, incapable de se mouvoir.
Même la perception du corps de son congénère qui éclatait en une constellation de poussière noire brillante ne le ramena pas à l'instant présent.
Il venait d'accéder en quelques instant à l'expérience d'innombrables vies... C'était trop... Ses filaments se raidirent et s'aplatirent contre lui, prenant la couleur de la mousse. Il s'effondra sur le sol de la jungle, inconscient, à la merci de tous les dangers...
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Musique: "To the Ancient Land" by Kow Otani
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Date d'inscription : 14/01/2010
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Re: Les Prémices
La forêt scintillait de mille feux sous la voûte céleste de la nuit de Pandora. L'animal s'éveillait lentement, par étapes successives: il sentait la mousse humide sous lui, la brise légère qui caressait doucement ses prolongements. Puis il percevait l'embrun des fleurs nocturnes, qui libéraient leur pollen brillant et sucré, ainsi que la raideur de son corps. Tout semblait indiquer qu'il était resté longtemps ainsi, étendu sur le sol de la jungle, tétanisé.
L'échange! Un soubresaut le saisit lorsqu'il sentit les présences multiples se déverser en lui comme un flot ininterrompu. Son corps se tendit d'un seul coup, mais ne réagit pas comme d'habitude: au lieu de reprendre ses capacités d'imitation, il conserva sa teinte verte, teintée de milliers d'étoiles émeraudes en cette chaude nuit. Lui-même surpris, il observa son propre corps, découvrant une chose qu'il n'avait jamais connu auparavant. Sa stupéfaction avait totalement occulté les présences en lui, tant il était occupé à s'émerveillé devant son anatomie, si unique sur cette terre. En effet, il n'était comme aucun être qu'il avait croisé jusque là: son corps était long comme celui d'un gigantesque serpent, atteignant peut-être trois fois la longueur d'un Palulukan, mais aussi fin qu'un très jeune tronc. Sous chaque sorte d'écaille qui recouvrait son corps, un long prolongement translucide jaillissait, constituant autour de lui comme une auréole de plumes-filaments, dans lesquels circulaient des myriades colorées, mais dont actuellement seules les étincelles vertes brillaient intensément. Les filaments lui permettaient de s'appuyer sur n'importe quel support, de saisir la nature qui l'environnait, et même d'absorber sa nourriture. Ils étaient simultanément si légers qu'il n'avait pas eu conscience de leur existence jusque là, et si puissants qu'il pouvait s'élancer avec eux à une vitesse folle. Du moins, c'est ce qu'il sentait. Encore plus que d'habitude.
Il voyait autant par ses yeux que grâce à la faculté surprenante de ses plumes-filaments, qui détectaient tout le flux de la nature autour de lui, la sève qui montait du sol et circulait entre les arbres, le sang qui bouillait dans les êtres vivants et la chaleur qui se répartissait entre eux, comme des courants d'énergie. Tout autour de lui tourbillonnait dans un ballet sans fin, un cycle qui jamais ne s'arrêtait, ni ne diminuait en intensité. Pourquoi tout cela prenait soudain une signification si différente? Il avait cela devant lui depuis toujours... Et cela semblait devenir une chose étrangère, nouvelle et lointaine.
Les présences refirent intrusion, le terrifiant. Il bondit d'un sursaut, et se retrouva à quelques vingt mètres du sol, accroché à un tronc centenaire. Tous ses sens en alerte, il observait autour de lui. Quelles étaient ces bêtes étranges qu'il percevait mais ne pouvait localiser? Il était seul... Hormis les petits animaux, qui ne pouvaient pas produire ces bruits. Alors, qu'était-ce?
Un appel sembla se faire entendre. Un appel qui venait d'en haut... Au dessus des arbres. Prudent, mais ému, M'rrah crut reconnaître cet appel, surgissant du plus profond de son être et de sa mémoire.
Il escalada pour atteindre les frondaisons, se faufilant entre les branches et les lianes, effrayant les petits animaux et les insectes qui rentraient calmement dans leurs nids.
Et enfin, il parvint à émerger à la cîme des arbres.
Toute la splendeur de cette région de Pandora le frappa de plein fouet. Un vent millénaire s'engouffra dans sa toison aérée, le faisant frémir de plaisir. Devant lui, l'immensité verdoyante arborait des teintes irisées, tandis que l'aube rose et orangée pointait à l'horizon, plus magnifique que tous les joyaux qui pouvaient exister. Et soudain, il comprit.
Il se laissa envahir par les présences, ne lutta plus contre elles. Elles étaient ses alliées, les témoins de ce monde. Tout changea autour de lui, tandis qu'il devenait un élément de cet ensemble qui l'habitait. Il comprenait à présent la distance qu'il avait avec cette terre et ses habitants. Toutes les vies de l'être qui lui avait confié son fardeau s'ouvraient à lui, comme un chemin doré à travers les âges de ce monde, et au-delà. Désormais, il n'était plus seul de la même manière qu'avant... Mais son fardeau lui fermait l'espoir d'un jour pouvoir redevenir ce qu'il était.
Oui... Il était l'un d'eux à présent. Il allait suivre la destinée qu'ils avaient tous suivis. Il devenait un avec tous ceux qui avaient porté son fardeau avant lui. Un avec toutes les vies auxquelles il était désormais lié, jusqu'à la fin des temps.
Les présences en lui s'étaient calmées, devenant comme des pensées spontanées. M'rrah ne percevait pas de paroles, même si dans ces - maintenant ses - souvenirs, il avait fait l'expérience de ces êtres étranges qui communiquent entre eux par des mots... Il pouvait comprendre ce que les présences attendaient de lui, ce qu'elle lui transmettaient. Ou peut-être était-ce lui qui absorbait leurs expériences...
Il ignorait combien de temps il était resté inconscient, voyageant à travers le temps et l'espace, mais au fur et à mesure qu'il se laissait guider par les présences, le monde s'élargissait autour de lui, lui révélant d'autres lieux, d'autres espoirs, d'autres peurs aussi. Il n'était qu'à un seul endroit, et avec un seul corps... Et pourtant, il sentait comme un éclatement intérieur, un sorte de multitude unie, autour d'une voie commune, d'une entité multiple mais indivisible, composée de tous, et en même temps source de leur existence.
Il se sentait attiré et repoussé par elle, même si le premier sentiment était le plus fort, le plus intense. Il demeurait seulement une sorte de peur... d'envie de rejet, pour se préserver, ainsi que les autres... Mais il n'était pas possible de lutter. Son rôle était de suivre le chemin. Comme tous avant lui, et tous ceux qui le suivrait, s'il ne parvenait pas au bout.
Maintenant qu'il avait un but... Il savait pourquoi il devait avancer.
Son corps svelte et gracieux s'élança vers le nord, glissant à la cîme des arbres. Soudain, les présences en lui lui indiquèrent ce dont son corps était capable. Surpris, il obéit par instinct, et sans prévenir, son corps décolla dans les airs. Il rechuta, mais ses plumes-filaments se mirent à onduler par onde successives et puissantes, brassant l'air.
M'rrah s'éleva dans le ciel étoilé et pourpre, ondulant à la façon d'une anguille, et battant de ses prolongement comme une méduse dans les airs.
Il volait!
Une sensation s'empara de lui; tout son être se mit à frétiller d'une joie irrationnelle, qui se matérialisa par une explosion de scintillements sur tout son corps, faisant de lui un véritable arc-en-ciel. Il s'enroula dans ses plumes-filaments, chutant de plusieurs mètres, puis les tendit d'un seul coup, donnant une impulsion violente à sa course.
Il fut propulsé devant lui tel un éclair, parcourant une centaine de mètres en quelques 2 secondes. D'instinct, il plaqua tous ses appendices contre son corps, ce qui le transforma en véritable flèche vivante, traversant le ciel orangé, aussi scintillant que les astres évanescents.
Il poursuivit son vol initiatique pendant plus d'une heure, avant d'arriver à des montagnes. Derrière elle, il sentait l'appel qui l'avait guidé depuis si longtemps. Enfin, plutôt les appels. Car à présent, il percevait des milliers de voix muettes.
Tremblant de peur et d'envie mêlées, il escalada rapidement la montagne, tel un serpent qui rampe dans le ciel, puis parvint enfin au sommet.
Et là, sous ses yeux, il la vit enfin.
Une étendue dans les ténèbres, d'où émanaient terreur et souffrance. Ces dernières étaient si intenses, que M'rrah manqua défaillir. Mais les présences l'obligèrent à contempler. A contempler l'objet de leur quête, la manifestation de leur combat.
Toute la forêt... Tout était mort. Il régnait un silence si terrifiant que tous les animaux avaient quitté les alentours, même ceux encore intacts.
M'rrah regarda le ciel, et vit une ombre énorme, qui dissimulait toute lumière, et semblait vouloir l'engloutir, lui et tout ce monde. Ainsi, c'était cela... la fin du monde? La fin de toute vie? C'était elle qui allait tous les anéantir, comme cette terre qui n'était plus? Cette terre qui n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Oui.
L'Ukrak.
L'Ombre Morte.
Ils devaient tous faire quelque chose.
C'était le message des présences.
La raison de son existence.
De sa venue ici.
Toutes ces vies comptaient sur lui.
Rassembler le multiple en unique.
Faire de l'un, tous les autres.
Il en serait donc ainsi.
M'rrah se retourna vers sa nouvelle destination, et feula un cri exprimant toute sa détermination, qui roula sur la forêt comme un grondement de tonnerre.
*********
Musique: obviously...
1) ~ Bioluminescence of the Night ~ by James Horner. ~ <3
2) ~ Becoming One with the People ~ by J. Horner, too =P
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