Chapitre 1 : L'Eveil
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Chapitre 1 : L'Eveil
Au sommet d'un arbre plus haut que les autres, Na'his fermait les yeux. Elle reniflait l'air comme l'aurait fait un prédateur cherchant sa proie, ou comme une proie cherchant un refuge. Les yeux toujours fermés, elle avança sur l'épaisse branche, les bras écartés de chaque côté. Ses pieds s'agrippaient à l'écorce de l'arbre et avançaient, surs.
Elle ne tomberait pas. Combien d'années avait-elle passé ici, dans la forêt? Elle connaissait le moindre arbre, le moindre bosquet. Elle entendait sans difficulté la respiration calme de la forêt et celle des créatures qui la peuplaient.
Sans rouvrir les yeux, elle se stoppa sur la branche, parfaitement en équilibre, et tendit la main devant elle, paume vers le ciel. Elle sentit quelque chose s'y poser délicatement. Un sourire étira ses lèvres, puis elle ouvrit enfin les yeux. Un insecte dont les ailes multicolores scintillaient déjà cette heure tardive de la journée bougeait ses antennes en frémissant.
- N'aie pas peur petite créature, je ne te ferai pas de mal.
Sa douce voix accompagna son geste lent de la main, avant qu'elle n'effleura l'insecte, qui s'envola en laissant derrière lui comme une trainée de couleurs.
- Na'his ! Descends ! Il est l'heure !
La jeune Na'vi observa la créature voler jusqu'à ce sa silhouette disparaisse derrière les bosquets. Puis elle se mit à courir sur la branche. Son corps se balançait de chaque côté, assez pour qu'elle tienne en un équilibre parfait. D'un geste fluide, elle bondit à une autre branche sur laquelle elle se balança. Ses pieds en crochetèrent une nouvelle, puis sa main. Lorsqu'elle fut à environ dix mètres du sol, elle plongea dans le vide et crocheta une fine branche au dernier moment. Son corps atterrit avec grâce sur le sol. Une Na'vi, plus haute et plus vieille qu'elle accourut vers elle.
- Na'his, ne m'écoute-tu donc jamais? La nuit va tomber, tu n'as pas le droit de te promener partout.
- Mère, si tu souhaites me voir endosser la rôle de future Tashik, laisse moi apprendre la Forêt.
- Mais pas à cette heure-ci!
Aucun dialogue n'était possible, Na'his le savait très bien. Elle se tut et suivit sa mère au campement. Déjà, les membres de son clan s'étaient réunis autour d'un feu. Kar'kan, son père, leur relatait son après-midi de chasse.
Na'his se rembrunit.
Les regards se tournèrent vers les deux femmes, qui les saluèrent du geste habituel.
- Ah, ma fille ! Te voilà enfin! Va donc aider Silyai.
Sans piper mot, Na'his fit demi tour et rejoignit sa camarade, du même âge qu'elle. Hormis leurs physique à peu près identique, leurs caractères divergeaient radicalement. C'est pourtant ce qui faisait d'elles de grandes amies.
- Encore en train de trainasser à ce que je vois.
Na'his la salue également mais ne répondit pas. Elle commença à extraire la viande de l'animal, de la laver puis de la disposer sur des plaques de bois.
- Tu n'as pas l'air d'humeur joviale pour changer, dit-elle avec un sourire amusé.
Silyai, si elle ne partageait pas toujours l'avis de Kar'kan, était toujours heureuse d'avoir une compagne à qui parler. Et elle éprouvait un malin plaisir à voir Na'his bougonner dans son coin chaque soir.
- Il ne comprendre jamais...siffla-t-elle entre ses dents.
- Je crois bien que non.
- Mais...Ma place n'est pas ici!
- Ici?
Na'his se rendit compte de ses paroles et ouvrit la bouche, prête à s'excuser :
- Tu n'as pas à te justifier. Ma place est sur terre, la tienne au ciel. C'est dans l'ordre des choses. Laisse leur le temps...
Na'his observa son amie un long moment, puis baissa la tête.
Silyai avait raison. Sa place était ailleurs. Non dans la forêt mais plus loin. Plus haut.
Au Sommet.
Elle se surprit à lever la tête vers le ciel et à soupirer.
Oui, au Sommet...
Elle ne tomberait pas. Combien d'années avait-elle passé ici, dans la forêt? Elle connaissait le moindre arbre, le moindre bosquet. Elle entendait sans difficulté la respiration calme de la forêt et celle des créatures qui la peuplaient.
Sans rouvrir les yeux, elle se stoppa sur la branche, parfaitement en équilibre, et tendit la main devant elle, paume vers le ciel. Elle sentit quelque chose s'y poser délicatement. Un sourire étira ses lèvres, puis elle ouvrit enfin les yeux. Un insecte dont les ailes multicolores scintillaient déjà cette heure tardive de la journée bougeait ses antennes en frémissant.
- N'aie pas peur petite créature, je ne te ferai pas de mal.
Sa douce voix accompagna son geste lent de la main, avant qu'elle n'effleura l'insecte, qui s'envola en laissant derrière lui comme une trainée de couleurs.
- Na'his ! Descends ! Il est l'heure !
La jeune Na'vi observa la créature voler jusqu'à ce sa silhouette disparaisse derrière les bosquets. Puis elle se mit à courir sur la branche. Son corps se balançait de chaque côté, assez pour qu'elle tienne en un équilibre parfait. D'un geste fluide, elle bondit à une autre branche sur laquelle elle se balança. Ses pieds en crochetèrent une nouvelle, puis sa main. Lorsqu'elle fut à environ dix mètres du sol, elle plongea dans le vide et crocheta une fine branche au dernier moment. Son corps atterrit avec grâce sur le sol. Une Na'vi, plus haute et plus vieille qu'elle accourut vers elle.
- Na'his, ne m'écoute-tu donc jamais? La nuit va tomber, tu n'as pas le droit de te promener partout.
- Mère, si tu souhaites me voir endosser la rôle de future Tashik, laisse moi apprendre la Forêt.
- Mais pas à cette heure-ci!
Aucun dialogue n'était possible, Na'his le savait très bien. Elle se tut et suivit sa mère au campement. Déjà, les membres de son clan s'étaient réunis autour d'un feu. Kar'kan, son père, leur relatait son après-midi de chasse.
Na'his se rembrunit.
Les regards se tournèrent vers les deux femmes, qui les saluèrent du geste habituel.
- Ah, ma fille ! Te voilà enfin! Va donc aider Silyai.
Sans piper mot, Na'his fit demi tour et rejoignit sa camarade, du même âge qu'elle. Hormis leurs physique à peu près identique, leurs caractères divergeaient radicalement. C'est pourtant ce qui faisait d'elles de grandes amies.
- Encore en train de trainasser à ce que je vois.
Na'his la salue également mais ne répondit pas. Elle commença à extraire la viande de l'animal, de la laver puis de la disposer sur des plaques de bois.
- Tu n'as pas l'air d'humeur joviale pour changer, dit-elle avec un sourire amusé.
Silyai, si elle ne partageait pas toujours l'avis de Kar'kan, était toujours heureuse d'avoir une compagne à qui parler. Et elle éprouvait un malin plaisir à voir Na'his bougonner dans son coin chaque soir.
- Il ne comprendre jamais...siffla-t-elle entre ses dents.
- Je crois bien que non.
- Mais...Ma place n'est pas ici!
- Ici?
Na'his se rendit compte de ses paroles et ouvrit la bouche, prête à s'excuser :
- Tu n'as pas à te justifier. Ma place est sur terre, la tienne au ciel. C'est dans l'ordre des choses. Laisse leur le temps...
Na'his observa son amie un long moment, puis baissa la tête.
Silyai avait raison. Sa place était ailleurs. Non dans la forêt mais plus loin. Plus haut.
Au Sommet.
Elle se surprit à lever la tête vers le ciel et à soupirer.
Oui, au Sommet...
Re: Chapitre 1 : L'Eveil
La nuit était tombée, les Na'vis dormaient déjà dans leurs hamacs, à des centaines dizaines de mètres de hauteur du sol.
Na'his, elle, ne parvenait pas à fermer les yeux. Ils étaient sans cesse rivés vers le ciel, presque voilé de là ou elle était. Elle apercevait ici une étoile, là-bas une autre, ailleurs la silhouette massive de l'immense Lune. Et partout ailleurs des arbres. La forêt avait peu à peu pris des couleurs magiques. Chaque végétal et animal de la forêt dégageait une lumière froide, variant du blanc au violet, en passant par le bleu, le rose...Un véritable paradis terrestre.
Na'his se tourna et se retourna dans son hamac tissé. Son père et sa mère de chaque côté, elle n'avait aucun échappatoire. Elle était toujours prisonnière.
Elle l'était depuis trois ans. Kian'vi était mort d'une chute de plus de cent mètres.
La jeune na'vi ferma les yeux. Il lui manquait tellement...Elle avait toujours été si proche de lui ! Il lui avait promis que quand viendrait le moment où elle serait Chevaucheuse, il serait là.
Mais il n'était pas là, et ne le serait plus. Jamais.
Na'his se leva brutalement de son hamac et s'agrippa sur la première branche qu'elle voyait, sur laquelle elle se balança puissamment pour bondir sur le promontoire. Elle se mit à courir en direction de la forêt. Le bruit de ses pas étaient étouffés par l'herbe douce et épaisse. Ses tresses perlées virevoltaient dans ses dos, ses bijoux tintaient délicatement, son corps ondulait avec grâce lorsqu'elle s'élançait de rochers en rochers, de branches en branches. Les plantes étincelaient autour d'elle, et ceux qu'elle effleurait du doigt s'illuminaient.
La Liberté.
La nuit silencieuse la lavait de tous ses tourments, la purifiait. A peine Na'his ferma les yeux que les sensations furent plus intenses encore. Elle sentait le frais et le doux de l'herbe, le rugueux de l'écorce, la souffle du vent, les caresses des feuilles, le parfum des plantes, la respiration des animaux, le battements d'ailes des insectes.
La Liberté.
Elle rouvrit les yeux et ralentit, jusqu'à s'arrêter complètement. Elle était déjà à plusieurs kilomètres de son camp. Lorsqu'elle tourna la tête vers son peuple endormi, un sourire étirait ses lèvres.
- Mère, Père, le moment est venu.
Puis elle se détourna et reprit sa course.
Silyai lui avait dit de leur laisser le temps. Mais cela ne faisait-il pas trois ans qu'elle attendait une réaction clémente de ses parents? Ce soir, elle avait comprit. Ce n'était pas à elle d'attendre, mais tout le contraire. Elle allait agir, prouver sa valeur et poursuivre son rêve. Cette occasion qu'elle attendait depuis plusieurs années, elle allait la provoquer.
Na'his jubilait, et éclata d'un rire frais en tournant sur elle-même. Lorsque son pied dérapait, il lui suffisait de tendre une main et de saisir une branche, aussi fine soit-elle. Son corps glissait tout au long pour atterrir sur une autre. Ses pieds ne tenaient pas en place, ils bondissaient, courraient, caressaient le sol avec fougue. Ce sol qui scintillait à chacun de ses pas. Elle voyait les créatures de la nuit relever la tête à son passage, certaines même aboyer. Et elle continuait de rire aux éclats, sans se soucier du danger que représentait la forêt.
Pendant des heures elle courut ainsi, s'éloignant toujours plus de son camp et de ce qu'elle connaissait. Puis la fatigue se fit ressentir, la douleur délicieuse qui tiraillait ses muscles. Elle grimpa au sommet d'un arbre, là où les prédateurs les plus dangereux ne pourraient l'atteindre ni la voir, puis s'y coucha, coincée entre les feuilles touffues et les branches massives. A peine ferma-t-elle les yeux que le sommeil l'emporta loin, très loin, dans le pays des songes.
Le lendemain matin, elle fut réveillée par des cris sauvage qui la firent sursauter. Si bien qu'elle tomba de l'arbre. Elle se rattrapa au dernier moment à une branche qui, sous le poids brutal de son corps, se brisa. Ses mains se refermèrent sur une autre branche, des feuilles lui fouettèrent le visage et laissèrent pour trace une fine estafilade sur sa joue. Une fois stabilisée, les pieds pendant dans le vide, elle tenta de reprendre sa respiration. Son coeur cognait violemment dans sa poitrine, sa poitrine se soulevait puissamment. Elle se tracta sur la branche et s'accroupit dessus pour cesser de bouger. Ses jambes et ses mains tremblaient, ses yeux écarquillés observaient les alentours avec angoisse, cherchant l'origine de ces hurlements. Elle avait pourtant cru que...
Un nouveau rugissement, plus aigu. Il venait d'en haut. Du ciel.
Elle cessa soudain de trembler et bondit en l'air. Son corps ondoyait parmi les branches, tel un serpent, et en quelques secondes, elle arriva à la cîme de l'arbre. Se glissant parmi le feuillage dru qui lui causèrent de nouvelles estafilades sur la peau, elle parvint à s'extirper de la végétation et son du fermer les yeux, éblouie. Le soleil envoyait ses rayons de part et d'autre de la région, éclatant. Na'his mit sa main en visière et ouvrit ses paupières. Devant elle, flottant dans l'air avec une grâce et une puissance extraordinaire, volaient tout une volée d'Ikrans, montés de guerriers tous plus robustes les uns que les autres.
Na'his les observer tournoyer au dessus de la forêt, en parfaite synchronie. Tous étaient de couleur différentes : des bleus, des verts, des marrons, des violets...Leurs ailes fines fendaient l'air avec vigueur, leurs muscles se contractaient à vue d'oeil, leurs yeux papillonnaient dans tout les sens. Rien ne leur échappait.
Rien. Y compris une Na'vi solitaire, perchée en haut d'un arbre.
Un ikran poussa un nouveau rugissement et fila droit vers elle sous l'ordre de son chevaucheur. Bien qu'effrayée, Na'his refusa de bouger. L'Ikran poussa un rugissement et battit puissamment des ailes pour s'arrêter.
- Qui es-tu? demanda le Na'vi, surpris de voir l'une de son peuple seule dans la forêt. Surtout une femelle, et aussi jeune...
- Mon nom est Na'his, répondit-elle après une hésitation.
- Que fais-tu là?
- Je...J'ai été envoyée pour...une mission de reconnaissance.
- Seule?
Elle acquiesça, silencieuse. Le na'vi, plus âgé qu'elle d'une dizaine d'année, l'observa encore longtemps avant de paraitre convaincu.
- Alors ne reste pas ici plus longtemps, un thanator rôde.
Na'his acquiesça de nouveau, et l'Ikran poussa un nouveau rugissement avant de s'envoler. La jeune na'vi le suivit du regard, ébahie par la beauté et la puissance de la créature.
Re: Chapitre 1 : L'Eveil
Cela faisait plusieurs heures que Na'his s'était levée et parcourait la forêt dans la direction prise par les ikrans. Elle savait où étaient les falaises, mais se repérer dans une forêt aussi dense était bien plus difficile qu'elle ne le pensait...Si elle parvenait à se couler entre les arbres sans difficulté, son corps se fatiguait, et la forêt semblait ne jamais avoir de fin. Quand reverrait-elle le ciel? Quand arpenterait-elle le ciel?
Alors que la nuit commençait à tomber et que la végétation de Pandora se teintait de couleurs enchantées, virant du blanc au violet, en passant par le bleu ou le rose, Na'his s'accroupit au bord d'une mare dont le fond brillait de milles feu. D'un geste délicat, elle plongea ses mains sous l'eau puis les passa sur son visage, paupières closes. A peine eut-elle le temps de souffler qu'elle écarquilla les yeux.
Une feuille qui craque.
Une branche arrachée.
Un sifflement feutrée.
Un hurlement sauvage.
Na'his plongea en avant à l'instant même où l'ombre imposante se jetait sur elle. Griffes à l'air, le thanator referma sa mâchoire puissante dans le vide.
Tout ne dura qu'une seconde.
A peine atterrit-il de l'autre côté de la mare que Na'his s'était relevée, ruisselante et terrifiée. Le prédateur le plus dangereux de la forêt lui faisait face, ses yeux vifs et meurtriers fixés sur elle, le corps tremblant, prêt à bondir.
Elle savait que le moindre faux mouvement lui serait fatal. La respiration sifflante, elle fixait son ennemi sans ciller. Une seconde pareille à une éternité s'écoula. Une éternité durant laquelle Na'his put établir un plan.
Il fut le premier à bondir.
Elle l'esquiva d'un plongeon et d'une roulade effectuée à la perfection, puis, à peine relevée, se mit à courir, ignorant la plaie laissée par les griffes acérées de l'animal dans son dos. A quelques mètres derrière elle, le thanator poussa un hurlement sauvage effrayant, puis s'élança à sa suite. Na'his se surprit à douter. Si son agilité lui permettait de se glisser là ou son prédateur ne le pouvait, il était bien plus rapide qu'elle et beaucoup plus puissant. Elle n'avait aucune chance.
Derrière elle, les branches craquaient sinistrement, les feuilles se déchiraient sous l'impact des griffes acérées de la créature. Cette dernière bondit en avant et referma sa mâchoire puissante à l'endroit où s'était tenue Na'his une seconde avant.
Où s'était tenue. La jeune na'vi s'était élancée en avant, crocheté une branche sur laquelle elle tourna avant de sauter un promontoire, accompagnant son geste d'un cri. Le thanator s'arrêta net devant la paroi et rugit, avant de le grimper. Ses griffes accrochaient la terre, déracinaient les lianes. En quelques secondes seulement, il avait gravi la corniche et s'élança de nouveau derrière sa proie, qui détalait. Na'his poussa un juron. Elle avait fait une erreur en venant ici. Il n'y avait plus d'arbre pour s'abriter où se pousser en avant. Seulement le dessus plat et vide. Et à presque un kilomètre devant, la forêt reprenait son cours.
Elle était perdue, elle ne parviendrait jamais là-bas.
Elle accéléra.
Perdue à tout jamais. Elle s'apprêtait à rejoindre son frère. A dire adieu à ses parents, à ses amis.
La terre tremblant à chacune des violentes enjambées du thanator. A quelques centimètres derrière elle. Il était là...
Na'his bascula en avant.
Un grondement familier explosa dans la nuit, suivit d'un rugissement de douleur.
Na'his roula sur environ deux mètres. Son poignet craqua sous son poids, lui tirant un gémissement. Mais elle ne se laissa pas le temps de penser à la douleur. Ce cri...Parvenant à stabiliser sa chute, elle se releva à quatre pattes et écarquilla les yeux en voyant le spectacle stupéfiant qui se déroulait devant elle.
Ikran. Ikran contre Thanator. Non...Chevaucheur contre Thanator. Un Na'vi venait de bondir de sa monture et s'accrocha sur le dos du féroce prédateur en poussant un cri farouche. La thanator bondissait dans les sens en rugissant. Il tournait la tête et refermait ses mâchoires dans le vide. Et sur son dos, le na'vi, couteau en main, le plongea dans sa jugulaire. Le sang coula à flot et l'animal chancela. D'un bond spectaculaire, le na'vi atterit à trois mètres de lui et banda son arc d'un geste fluide et rapide. Il approcha la ficelle jusqu'à ce que l'empennage de la flèche effleure sa joue.
La thanator se jeta sur lui. S'effondra, mort avant d'avoir touché le sol, une flèche plantée au creux se son abdomen.
Le silence redevint presque total lorsque l'Ikran se posa près de son maître, cessant sur le coup ses battements d'ailes vigoureux. Na'his, qui avait assisté au combat accroupie à bonne distance, était pétrifiée. Sa poitrine se soulevait douloureusement, sa respiration était saccadée, son poignet lui faisait mal et quelque chose de chaud coulait le long de son dos. Du sang. Son sang.
Le na'vi reposa l'arc sur ses épaules puis s'avança lentement vers le corps inerte du thanator. Puis s'agenouilla, ôtant poignard et flèche, avant d'effleurer sa peau noire en murmurant des paroles que Na'his n'entendit pas. Na'his. Elle venait de se lever et de s'avancer vers lui, ses yeux ronds passant de l'Ikran jusqu'au thanator, avant de se poser sur lui. Et d'y rester. Ils se détaillèrent longuement, aussi surpris l'un que l'autre. Il était à peine plus âgé qu'elle, une musculature fine dessinant un corps parfait.
Elle était blessée et ne semblait pourtant pas s'en préoccuper.
Il paraissait surpris de la voir ébahie devant l'Ikran.
- Tu es blessée, dit-il d'une voix qui se voulait plus amène que le laissait paraitre ses sourcils froncés.
Na'his sursauta, revenant soudain à la réalité. Elle cligna des yeux, puis baissa la tête sur son poignet avant de la relever.
- Ce n'est rien, dit-elle après une brève hésitation.
- Tu saignes.
- Je n'ai pas mal, vraiment.
Sa blessure la brûlait férocement, et la douleur dans son poignet lui donnait envie de vomir. Le na'vi sourit dans la nuit.
- Laisse-moi voir.
Il s'avança vers elle et lui saisit le poignet. A peine l'effleura t'il que la nausée s'empara de Na'his qui ferma les yeux. Après une hésitation, il lança un coup d'oeil discret dans son dos et grimaça en voyant la plaie laissée par les griffes du thanator. Et ce tatouage...
- Tu devrais m'accompagner, dit-il enfin et lâchant son poignet. Rester ici n'est pas sur et il faut te soigner.
- Je n'ai pas d'Ikran, murmura la jeune na'vi.
- Nous irons à pied.
Il se détourna et effleura du doigt l'Ikran, qui, après avoir poussé un cri, s'envola et disparut dans le ciel étoilé. Sans se retourner, le na'vi s'enfonça dans la forêt.
Aucune peur ne s'empara d'elle. Pas l'ombre d'un doute.
Na'his s'élança à sa suite.
Alors que la nuit commençait à tomber et que la végétation de Pandora se teintait de couleurs enchantées, virant du blanc au violet, en passant par le bleu ou le rose, Na'his s'accroupit au bord d'une mare dont le fond brillait de milles feu. D'un geste délicat, elle plongea ses mains sous l'eau puis les passa sur son visage, paupières closes. A peine eut-elle le temps de souffler qu'elle écarquilla les yeux.
Une feuille qui craque.
Une branche arrachée.
Un sifflement feutrée.
Un hurlement sauvage.
Na'his plongea en avant à l'instant même où l'ombre imposante se jetait sur elle. Griffes à l'air, le thanator referma sa mâchoire puissante dans le vide.
Tout ne dura qu'une seconde.
A peine atterrit-il de l'autre côté de la mare que Na'his s'était relevée, ruisselante et terrifiée. Le prédateur le plus dangereux de la forêt lui faisait face, ses yeux vifs et meurtriers fixés sur elle, le corps tremblant, prêt à bondir.
Elle savait que le moindre faux mouvement lui serait fatal. La respiration sifflante, elle fixait son ennemi sans ciller. Une seconde pareille à une éternité s'écoula. Une éternité durant laquelle Na'his put établir un plan.
Il fut le premier à bondir.
Elle l'esquiva d'un plongeon et d'une roulade effectuée à la perfection, puis, à peine relevée, se mit à courir, ignorant la plaie laissée par les griffes acérées de l'animal dans son dos. A quelques mètres derrière elle, le thanator poussa un hurlement sauvage effrayant, puis s'élança à sa suite. Na'his se surprit à douter. Si son agilité lui permettait de se glisser là ou son prédateur ne le pouvait, il était bien plus rapide qu'elle et beaucoup plus puissant. Elle n'avait aucune chance.
Derrière elle, les branches craquaient sinistrement, les feuilles se déchiraient sous l'impact des griffes acérées de la créature. Cette dernière bondit en avant et referma sa mâchoire puissante à l'endroit où s'était tenue Na'his une seconde avant.
Où s'était tenue. La jeune na'vi s'était élancée en avant, crocheté une branche sur laquelle elle tourna avant de sauter un promontoire, accompagnant son geste d'un cri. Le thanator s'arrêta net devant la paroi et rugit, avant de le grimper. Ses griffes accrochaient la terre, déracinaient les lianes. En quelques secondes seulement, il avait gravi la corniche et s'élança de nouveau derrière sa proie, qui détalait. Na'his poussa un juron. Elle avait fait une erreur en venant ici. Il n'y avait plus d'arbre pour s'abriter où se pousser en avant. Seulement le dessus plat et vide. Et à presque un kilomètre devant, la forêt reprenait son cours.
Elle était perdue, elle ne parviendrait jamais là-bas.
Elle accéléra.
Perdue à tout jamais. Elle s'apprêtait à rejoindre son frère. A dire adieu à ses parents, à ses amis.
La terre tremblant à chacune des violentes enjambées du thanator. A quelques centimètres derrière elle. Il était là...
Na'his bascula en avant.
Un grondement familier explosa dans la nuit, suivit d'un rugissement de douleur.
Na'his roula sur environ deux mètres. Son poignet craqua sous son poids, lui tirant un gémissement. Mais elle ne se laissa pas le temps de penser à la douleur. Ce cri...Parvenant à stabiliser sa chute, elle se releva à quatre pattes et écarquilla les yeux en voyant le spectacle stupéfiant qui se déroulait devant elle.
Ikran. Ikran contre Thanator. Non...Chevaucheur contre Thanator. Un Na'vi venait de bondir de sa monture et s'accrocha sur le dos du féroce prédateur en poussant un cri farouche. La thanator bondissait dans les sens en rugissant. Il tournait la tête et refermait ses mâchoires dans le vide. Et sur son dos, le na'vi, couteau en main, le plongea dans sa jugulaire. Le sang coula à flot et l'animal chancela. D'un bond spectaculaire, le na'vi atterit à trois mètres de lui et banda son arc d'un geste fluide et rapide. Il approcha la ficelle jusqu'à ce que l'empennage de la flèche effleure sa joue.
La thanator se jeta sur lui. S'effondra, mort avant d'avoir touché le sol, une flèche plantée au creux se son abdomen.
Le silence redevint presque total lorsque l'Ikran se posa près de son maître, cessant sur le coup ses battements d'ailes vigoureux. Na'his, qui avait assisté au combat accroupie à bonne distance, était pétrifiée. Sa poitrine se soulevait douloureusement, sa respiration était saccadée, son poignet lui faisait mal et quelque chose de chaud coulait le long de son dos. Du sang. Son sang.
Le na'vi reposa l'arc sur ses épaules puis s'avança lentement vers le corps inerte du thanator. Puis s'agenouilla, ôtant poignard et flèche, avant d'effleurer sa peau noire en murmurant des paroles que Na'his n'entendit pas. Na'his. Elle venait de se lever et de s'avancer vers lui, ses yeux ronds passant de l'Ikran jusqu'au thanator, avant de se poser sur lui. Et d'y rester. Ils se détaillèrent longuement, aussi surpris l'un que l'autre. Il était à peine plus âgé qu'elle, une musculature fine dessinant un corps parfait.
Elle était blessée et ne semblait pourtant pas s'en préoccuper.
Il paraissait surpris de la voir ébahie devant l'Ikran.
- Tu es blessée, dit-il d'une voix qui se voulait plus amène que le laissait paraitre ses sourcils froncés.
Na'his sursauta, revenant soudain à la réalité. Elle cligna des yeux, puis baissa la tête sur son poignet avant de la relever.
- Ce n'est rien, dit-elle après une brève hésitation.
- Tu saignes.
- Je n'ai pas mal, vraiment.
Sa blessure la brûlait férocement, et la douleur dans son poignet lui donnait envie de vomir. Le na'vi sourit dans la nuit.
- Laisse-moi voir.
Il s'avança vers elle et lui saisit le poignet. A peine l'effleura t'il que la nausée s'empara de Na'his qui ferma les yeux. Après une hésitation, il lança un coup d'oeil discret dans son dos et grimaça en voyant la plaie laissée par les griffes du thanator. Et ce tatouage...
- Tu devrais m'accompagner, dit-il enfin et lâchant son poignet. Rester ici n'est pas sur et il faut te soigner.
- Je n'ai pas d'Ikran, murmura la jeune na'vi.
- Nous irons à pied.
Il se détourna et effleura du doigt l'Ikran, qui, après avoir poussé un cri, s'envola et disparut dans le ciel étoilé. Sans se retourner, le na'vi s'enfonça dans la forêt.
Aucune peur ne s'empara d'elle. Pas l'ombre d'un doute.
Na'his s'élança à sa suite.
Re: Chapitre 1 : L'Eveil
La Forêt était resplendissante. Sa respiration calme eut un effet apaisant sur l'esprit de Na'his qui peinait de plus en plus à mettre un pied devant l'autre. Sa vivacité et son agilité s'étaient évaporées, remplacées par la fatigue et la lenteur. Ses jambes étaient lourdes, si lourdes que les passer au dessus des branches lui demandait un effort surhumain.
Mais lui, ne s'arrêtait pas. Il continuait, se coulait dans la Forêt, se riant des pauvres obstacles qui barraient sa route. Son corps semblait danser avec la flore tellement ses gestes étaient fluides et auréolés de force.
Na'his ralentit, jusqu'à s'arrêter complètement, le regard perdu dans le vide. D'un geste habituel, elle leva les yeux vers les étoiles...cachées par les arbres touffus qui n'en finissaient pas. Puis les ferma.
La réalité éclata en elle. Elle avait cru connaitre la Forêt. Il n'en était rien. Lui, la connaissait. Lui parvenait à se mouvoir à la perfection. Lui s'était fondu en elle.
Le bruit de ses pas se stoppèrent, et elle rouvrit les yeux. Il la regardait avec attention. Na'his remarqua à quel point il était jeune. Et Chevaucheur.
Sans broncher, elle se remit en route, sans plus croiser son regard. S'il vit son attitude étrange, il ne répliqua pas et la suivit en silence. L'observant à son tour. Cette manière de marcher, d'onduler...Il ferma les yeux une seconde, et lorsqu'il les rouvrit, il regardait loin devant lui.
La nuit laissa bientôt place à un ciel bleu que voilait quelques fins nuages d'un blanc pur. Et ils marchaient toujours. Sans avoir fait de pause. Na'his ignorait où elle avait puisé la force de parcourir une distance aussi grande, surtout en sentant la douleur de ses blessures l'envelopper tel un venin, répandant sur son passage un rideau glacé et pénible. Elle ne se rendit même pas compte que son acolyte s'était stoppé devant un petit ruisseau dont l'écoulement carillonnait dans la respiration joyeuse de la forêt. Il passa de l'eau sur son visage, puis se releva, observant loin devant lui dans la forêt, qui devenait peu à peu moins dense. Na'his s'avança à son tour et sa main valide, elle s'aspergea le visage. A peine s'accroupit-t-elle qu'elle regretta aussitôt son geste. Jamais elle ne parviendrait à se relever.
- Nous allons faire une pause, dit-alors le jeune na'vi. J'ai repéré des traces qui ne me disent rien qui vaillent et tu es épuisée.
Na'his aurait voulut se relever, prouver au chevaucheur qu'elle n'était pas aussi faible qu'il le pensait, mais se ravisa. Elle n'avait pas même la force de répliquer. Prenant soin de ne pas coller sa blessure contre l'écorce, elle posa sa tête contre un tronc en observant le ciel. Sa vie avait prit un tournant décisif. Elle avait la sensation que ce pour quoi elle vivait se rapprochait à grand pas, que le rêve qui la hantait et la poussait en avant depuis qu'elle était petite se distinguait au loin, mais assez près pour qu'elle le voit. Pour qu'elle puisse refermer sa main dessus lorsque le moment viendrait. Discrètement, elle observa du coin de l'oeil son compagnon. Il s'était mis à grimper dans un arbre. Son corps se plaquait contre l'écorce, ses pieds s'agrippaient au tronc, ses mains palpaient les branches assez solides pour supporter son poids, puis il s'élançait. En quelques secondes, il était à la cîme et observait en direction du nord. Sourit au Soleil.
Les Falaises. Il les apercevait du haut de l'arbre. Son peuple était là-bas, il pourrait enfin rentrer chez lui après plusieurs semaines d'absence. Revigoré par cette vision, il redescendit de l'arbre avec souplesse, s'apprêtait à repartir, lorsqu'il vit Na'his le dévisager étrangement. Elle s'était relevée et massait son poignet distraitement, sans le quitter des yeux. Puis cessa tout mouvement. Un autre na'vi remplaça celui qu'elle avait devant elle, plus grand, plus large, un peu plus vieux...Kian'vi.
Son frère.
Elle revint quatre ans en arrière, le jour où on lui avait appris qu'il était tombé. A tout jamais.
Elle détourna les yeux, le coeur battant à grands coups dans sa poitrine.
- Quelque chose ne va pas? demanda-t-il alors.
- Tout va bien. Quand arriverons nous aux Falaises?
- ...Dans quelques heures seulement.
- Parfait. Allons-y.
Na'his, tête baissée, fonça droit devant, perdue dans ses sombres pensées et dans ses merveilleux souvenirs.
Et de nouveau, ils traversèrent la forêt pendant plus de trois heures sans s'adresser la parole. Sans cesser de se jeter des coups d'oeil circonspects. Puis la forêt se déchira. S'ouvrit. Donna naissance à un tout nouveau paysage. Na'his, yeux écarquillés, avança silencieusement de quelques pas, incapable de dire une parole.
Devant elle se dressaient les Falaises, hautes de plusieurs centaines de mètres, surplombant un torrent puissant et fier qui se jetaient dans la forêt, à l'opposé. De là où elle se trouvait, Na'his aurait juré que les Falaises effleuraient le ciel.
Elle ne put s'empêcher de rire de bonheur. Enfin, elle avait réussi. Elle avait effectué un pas en avant qui la changerait pour toujours.
- Pourquoi ris-tu?
- Parce que je découvre enfin la Vie qui m'entoure...Dépêche-toi!
Avant qu'il ne dise quoi que ce soit, elle s'était élancé en avant, courant à toute jambes vers son village. Il l'observa, sans comprendre sa réaction, puis la suivit.
FIN
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